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Le besoin en formation continue des enseignants d'informatique est très élevé

R. adore son métier. Il enseigne l'informatique dans un lycée technique et ses cours vont de l'introduction aux technologies des réseaux jusqu'à la modélisation des applications en entreprise. Il ne s'ennuie jamais et sa passion pour l'informatique est stimulée à la fois par l'ampleur des sujets à enseigner et les défis posés par le renouvellement incessant des produits. Mais il arrive parfois que R. atteigne ses limites. Il a ainsi accumulé au cours des derniers mois une bonne vingtaine de magazines qu'il n'a pas encore trouvé le temps de lire. De plus l'initiation aux services du Web pendant son temps libre fait quasiment partie du domaine de l'impossible. Si seulement il pouvait laisser de côté tout le bazar de l'école pendant deux semaines pour assister en toute sérénité à un cours sur les services Web !


Problème : plus que toute autre spécialité, l'informatique est en perpétuelle évolution. De nouveaux produits et de nouvelles versions des produits voient quotidiennement le jour et le cycle des innovations en informatique est plus court que partout ailleurs. Les offres de formation continue spécifiquement destinées aux enseignants de l'informatique sont rares, celles qui s'adressent aux entreprises sont généralement trop onéreuses. De plus, il n'existe quasiment aucune offre qui propose également la mise en œuvre pédagogique des nouvelles matières dans l'enseignement. La formation continue des professeurs d'informatique est une nécessité absolue, mais malheureusement ardue, laborieuse et coûteuse.

La formation continue des enseignants d'informatique est un besoin vital à tous les niveaux, mais sa mise en application n'est pas aussi simple. Les écoles publiques ne font quasiment aucune distinction entre les besoins en formation continue des différentes matières enseignées. Les formations continues sont majoritairement proposées par des enseignants pour des enseignants et les coûts se situent à un niveau nettement inférieur à celui des offres comparables pour les entreprises.

Mais cette configuration ne peut généralement pas être transposée à la formation continue en informatique. Il est fort probable que l'un des enseignants d'anglais de l'établissement ait étudié en détail le dramaturge Edward Albee et soit ainsi en mesure de proposer une formation sur cet auteur. Mais il n'en est pas de même avec les nouvelles technologies de l'informatique : il faut ici faire appel à une expertise extérieure, généralement coûteuse, avec pour difficulté supplémentaire que ces experts ne font pas partie du monde de l'enseignement et ne savent souvent pas répondre aux besoins didactiques d'une école.

Dans de nombreuses écoles, le problème de la formation continue en informatique est devenu un véritable cercle vicieux. L'école rechignant à leur payer des sessions de formation adéquates, les enseignants se perfectionnent par leurs propres moyens et la qualité laisse souvent à désirer. Le risque de choix erroné des sujets à étudier est élevé, tout comme celui de l'absence d'échange d'expérience avec les collègues de la même spécialité. La formation continue en autarcie a en outre pour effet que le problème de la formation continue en informatique n'est absolument pas perçu en tant que tel par les établissements scolaires. Les efforts des enseignants d'informatique ne sont quasiment pas reconnus, ceux-ci se sentent alors surexploités et, après quelques années, deviennent frustrés et résignés.

Pour casser ce cercle vicieux, il est indispensable de définir une stratégie claire tant du côté de la direction de l'école que du côté des enseignants concernés. Les chefs d'établissement doivent considérer la formation continue en informatique comme partie intégrante des tâches de la direction et doivent élaborer des stratégies de formation à long terme en collaboration avec les enseignants. Ils doivent en outre bien faire comprendre au corps enseignant les raisons pour lesquelles l'informatique bénéficie d'un statut différent en matière de formation continue, notamment d'un budget supérieur, d'un quota d'heures inférieur pour les enseignants d'informatique et de congés de formation plus nombreux.

Les enseignants d'informatique doivent préparer eux-mêmes une stratégie de formation continue. En l'absence d'organisation précise, il y a risque de se disperser dans les détails ou de manquer des développements importants. Une stratégie de formation continue pourrait concrètement inclure les éléments suivants :

Tendances du développement
Un enseignant d'informatique doit pouvoir suivre et identifier en temps voulu les tendances à long terme du secteur de l'informatique. L'abonnement à un magazine spécialisé de renom, par exemple Communications of the ACM, s'avère par conséquent rentable. Ce magazine contient en outre souvent des articles ayant pour thème l'informatique et la formation.

Produits actuels
Un professeur d'informatique doit disposer d'une vue d'ensemble sur le marché actuel des matériels et des logiciels. Là aussi, la lecture de magazines tels que 01 Informatique, par exemple, peut s'avérer judicieuse.

Aspects didactiques
Il n'existe pas de publications pédagogiques sur tous les sujets, mais la recherche de produits appropriés se justifie. Pour l'enseignement secondaire, nous recommandons de consulter les documents et les articles de l'Association Enseignement Public & Informatique (site Web http://www.epi.asso.fr). Il existe également des listes d'abonnement et des forums de discussion Internet sur de nombreux sujets, nous pouvons par exemple citer les liens consacrés à l'éducation sur le site du SIGCSE de l'ACM (www.sigcse.org/topics).

Sessions de perfectionnement
Contrairement à d'autres spécialités, les outils utilisés pour l'enseignement de l'informatique sont les mêmes que ceux pour le travail en entreprise. À titre d'exemple, il n'existe pas de systèmes d'exploitation spécialement conçus pour les écoles. Par conséquent, pour assurer la cohésion avec le monde réel, les professeurs d'informatique doivent également avoir la possibilité d'assister à des sessions de perfectionnement qui ont pour thèmes les nouvelles technologies ou les nouveaux produits et qui s'adressent aux entreprises. Un contact régulier avec les informaticiens des entreprises représente une source d'enrichissement notable pour les professeurs d'informatique.

Perfectionnement en équipe
L'élaboration de nouveaux sujets d'étude dans le cadre d'ateliers, par petits groupes de 2 à 6 participants, est une forme de perfectionnement très efficace. Le travail en équipe joue de toute façon un rôle prépondérant dans le domaine de l'informatique. Le risque de se disperser dans des détails est moindre au sein d'un groupe d'apprentissage. Il faudrait institutionnaliser ce genre d'atelier au sein d'une école pour éviter la nécessité de présenter de nouvelles demandes de mise en disponibilité chaque année.

Solution : le cycle d'innovation rapide du secteur de l'informatique entraîne pour les professeurs des besoins en formation continue nettement plus importants que dans les autres spécialités. Les professeurs d'informatique doivent se tenir informés de manière ciblée des dernières tendances de l'informatique, des produits actuels et des nouveaux matériels pédagogiques.